• La répartition des créations de postes de la rentrée 2013

    LE MONDE | 19-12-2012

    Septembre 2013 sera la première vraie rentrée du ministre de l'éducation, Vincent Peillon. Les 6770 postes qui viendront renforcer les classes de l'enseignement public et dont Le Monde révèle la répartition académie par académie, esquissent un début de changement : rupture du nombre puisque pour la première fois en 2013 il y aura plus d'enseignants qu'en 2012, rupture aussi dans l'affectation.

    Aux recteurs, il a été demandé d'installer cette première vague des 60 000 postes sans saupoudrage et "sans donner plus à ceux qui ont déjà beaucoup". Toute une mentalité à changer alors que ces 30 "sous-ministres" n'ont été renouvelés qu'à la marge. "Je vais les réunir à nouveau en janvier et leur rappeler nos priorités", explique le ministre, qui compte bien que les 3 006 créations de postes du premier degré et les 3764 du second degré donnent un vrai signe du changement. Ce sont là les premiers vrais travaux pratiques de M. Peillon après un été de concertation et d'écriture de la loi d'orientation.

    • Recréer des pools de remplaçants

    30 328 enfants supplémentaires sont attendus dans les écoles maternelles et primaires publiques à la prochaine rentrée. Pour conserver le taux d'encadrement actuel, le ministère a calculé que 1000 postes étaient nécessaires. La deuxième urgence est la recréation de pools de remplaçants, partout mis à mal par les 80000coupes de postes du quinquennat Sarkozy. Si l'académie de Créteil obtient 405postes dans le 1erdegré et 430 dans le second, c'est d'abord pour reconstituer les viviers de remplaçants dont un département comme la Seine-Saint-Denis manque cruellement.

    6770 postes répartis en fonction des besoins.
    • Cap sur les moins de 3 ans

    Le chef de l'Etat a plusieurs fois rappelé que la priorité au primaire passe par un accent mis sur la scolarisation des enfants de moins de 3ans dans les zones difficiles. L'objectif tacite est que 15000 jeunes enfants trouvent rapidement une place dans les écoles et qu'on en accueille 30% en 2017. L'entourage de Vincent Peillon est conscient qu'il est peu envisageable dès 2013, faute de locaux et d'assistantes. Les documents de préparation du budget 2013 tablent, eux, sur 6000 préscolarisations. Quelque 15 académies ont été ciblées comme prioritaires, dont Aix-Marseille, Créteil, Versailles, Rouen et Grenoble ou La Réunion qui a tout un dispositif de "classes passerelle" entre crèche et école.

    • Plus de maîtres que de classes

    Sur le quinquennat, 7000 postes surnuméraires seront affectés dans des écoles qui accueillent des enfants défavorisés afin d'endiguer la difficulté scolaire des premières années. L'académie d'Aix-Marseille, qui bénéficie d'une dotation de 196 postes sur les écoles, va tester la formule mise en place dès janvier 2013 dans le cadre du plan décidé en comité interministériel le 6septembre. Sur l'utilisation de ces maîtres surnuméraires, le ministre rappelle que "pas un établissement, fût-il en grande difficulté, n'en bénéficiera s'il ne présente pas un projet pédagogique". Une circulaire cadrera en janvier 2013 ce dispositif pouvant rapidement être coûteux et sans effets. Pour la rentrée, les recteurs ont demandé de développer la formule.

    • Premiers pas vers un rééquilibrage des académies

    Trois académies perdent des maîtres du premier degré et des professeurs: Nancy-Metz, la Guadeloupe et la Martinique. Toutes trois ont deux points communs: elles recevront moins d'élèves à la rentrée prochaine et sont mieux dotées que la moyenne des académies qui leur ressemblent. Nancy-Metz perd 986 élèves dans ses écoles et 366 dans ses collèges et lycées, la Martinique en comptera 1000 de moins dans le premier degré et 771 en collèges-lycées; quant à la Guadeloupe, ses effectifs dans le premier degré fondront de 665 élèves et dans le second degré de 504 élèves.

    Comme l'année est faste, elles perdront moins de postes que l'arithmétique ne l'aurait voulu.
    La Cour des comptes rappelait en avril dans un rapport rendu public par Le Monde que "si le ministère de l'éducation nationale souhaite réellement lutter contre les inégalités géographiques de résultats des élèves, une réforme de son mode d'allocation des moyens apparaît indispensable". Les magistrats suggéraient de tenir compte des besoins des élèves et non de la dotation de l'année antérieure pour affecter les moyens. Même si l'attribution de la dotation 2013 n'est pas révolutionnaire, elle marque une avancée dans cette prise en compte. Caen, académie à dominante rurale qui perd des élèves, va gagner des postes parce qu'elle a un retard à combler. Nantes en gagne aussi, parce que son taux d'encadrement est jugé "fragile". Paris ne bénéficiera cette année "que" de 105postes sur le secondaire.

    Evolution du nombre d'élèves par académie
    • Les collèges et les lycées professionnels privilégiés

    Pour réduire l'inégalité d'offre de formations aux élèves, sur laquelle la Cour des comptes est revenue dans un rapport sur l'orientation le 12décembre, le ministère a décidé de concentrer les moyens en "profs" sur les collèges et lycées professionnels. Sur les 3764 postes d'enseignants du second degré, près de 2500 serviront à faire face à l'afflux de 29825 collégiens et lycéens supplémentaires prévus pour la rentrée. Les 1300 restants seront affectés en collèges ou en lycées professionnels. Là, des formations, qui aujourd'hui refoulent des élèves faute de places, seront développées.


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